Destination Brenne

Comprendre le Parc nature régional de la Brenne

Dans le département de l’Indre, à la rencontre du Berry, de la Touraine, du Poitou et du Limousin, le Parc naturel régional de la Brenne s’étend sur 183 000 hectares et compte 31 188 habitants. Il se compose d’un ensemble de régions naturelles variées dont la plus caractéristique est la Grande Brenne. Avec ses 3 000 étangs, le Parc naturel régional de la Brenne couvre l’une des plus importantes zones humides continentales françaises d’une richesse écologique reconnue aux niveaux national, européen et mondial. A ce titre, la quasi-totalité de son territoire est inscrit, depuis 1991, sur la liste des sites de la convention internationale de Ramsar pour la préservation des zones humides et il jouit d’une reconnaissance européenne au travers de 4 sites désignés au titre du réseau Natura 2000.

Etangs Piégu/ Renard

La Grande Brenne

Sauvage et mystérieuse, c’est une véritable mosaïque de paysages où s’interpénètrent l’eau, les bois, les landes et les prairies parfois dominées par des buttes de grès caractéristiques appelées « button ». Cette grande diversité de milieux confère à la Grande Brenne des richesses écologiques et paysagères. Difficiles à exploiter car trop humides en hiver et desséchés en été, les sols pauvres argilo-gréseux expliquent le choix des agriculteurs pour une activité basée sur l’élevage extensif de bovins, en particulier des charolais. Mais c’est aussi la nature de ces sols imperméables qui a permis à l’homme de créer des étangs. L’eau stagnait naturellement dans les bas-fonds et s’écoulait au travers de légers vallons jusqu’à la Claise ou la Creuse. Il a suffi d’élever des digues barrant ces vallons pour retenir les eaux de pluie et former ainsi des étangs. Mézières-en-Brenne (1 001 hab.) est la “capitale historique” de la Brenne.

De la vallée de la Creuse au pays d’Azay-le Ferron

Entre Saint-Gaultier et Tournon-Saint-Martin, la rivière Creuse offre une ligne de rupture paysagère entre le nord et le sud du Parc. En amont du Blanc, elle serpente dans une plaine alluviale bordée de coteaux boisés. En aval, elle est bordée par des falaises calcaires dont des abris sous roche ont été occupés par l’homme pendant la préhistoire. Les plateaux sont recouverts des prés maigres (pelouses calcicoles) hébergeant une faune et une flore adaptées aux milieux secs et pauvres. La Réserve naturelle régionale du Bois des Roches est caractéristique de ces milieux. La Creuse, très poissonneuse et praticable en canoë, se couvre, au printemps, de chevelus de renoncules aquatiques. Plusieurs châteaux du Moyen-âge, des abbayes et surtout de nombreux moulins jalonnent son cours. Autour du Blanc et en allant vers Tournon-Saint-Martin, les sols, plus riches, favorisent les cultures avec, ici et là, des îlots d’arbres fruitiers (noyers, cerisiers…), de vignes et de jardins. C’est ici qu’est située la zone d’Appellation d’Origine Protégée du fromage de chèvre, le “Pouligny-Saint-Pierre”  Trois chefs-lieux de canton (regroupant 1/3 de la population du Parc) se sont développés le long de la rivière : Saint-Gaultier, le Blanc et Tournon-Saint-Martin. Au nord-ouest, le pays d’Azay-le-Ferron, avec ses maisons en tuffeau, annonce déjà la Touraine toute proche.

La Petite Brenne, la vallée de l’Anglin et les bocages du Boischaut sud

Située au sud de la Creuse, la Petite Brenne abrite également des étangs mais, à la différence de la Grande Brenne, ils sont moins nombreux et le manteau forestier est davantage présent. L’élevage ovin extensif y est prédominant. Rivière champêtre, l’Anglin dégage calme et tranquillité. Entre Bélâbre et Ingrandes, elle serpente dans un paysage vallonné de bois et de bocages avant de se frayer un passage entre les falaises calcaires situées en aval de Mérigny pour rejoindre enfin Angles-sur-l’Anglin (un des plus beaux villages de France) et se jeter dans la Gartempe. Châteaux, moulins et maisons en grès blond ou calcaire blanc bordent son cours. La rivière et ses nombreux affluents font le bonheur des pêcheurs. Au sud, le relief, plus marqué, rappelle que les contreforts du Massif Central ne sont pas loin. Le maillage des haies (appelées bouchures) et les chemins creux sont caractéristiques de ce pays de bocage et certainement forts anciens. Il conduit le visiteur vers Saint-Benoît-du-Sault, village médiéval classé comme un des plus beaux villages de France.

Histoire des étangs de la Brenne

De la forêt aux étangs

 On ne peut s’empêcher de penser que les eaux stagnantes ont de tout temps existé. La tradition populaire parle même de moines qui assainirent “un marécage insalubre”. Cette idée a été remise en cause par la découverte de sites de réduction de fer dans le fond d’étangs anciens. Ceci tend à prouver qu’il n’y a pas toujours eu des eaux stagnantes en Brenne et qu’il existait une source de combustible locale susceptible d’intervenir dans l’artisanat du fer. Aussi, on peut penser, qu’il y a moins de 2000 ans, la Brenne n’était probablement pas couverte de marécages mais de forêts. Par la suite, une exploitation excessive des ressources forestières, associée au développement de l’agro-pastoralisme, auraient pu priver les sols du rôle de régulateur hydrologique que pouvait jouer la forêt et l’humidité latente se serait accentuée. C’est dans cette Brenne du milieu du VIIe siècle que les moines bâtirent les abbayes de Saint-Cyran (aujourd’hui disparue) et de Méobecq.

Etangs et pisciculture

La tradition locale attribue aux moines la création des étangs de la Brenne. En fait, seigneurs laïcs, bourgeois, marchands mais aussi paysans aisés ont tout autant participé à leur essor. Des études récentes attestent de la présence d’étangs dès les XII-XIIIe siècles mais c’est vraisemblablement entre le XIVe et le XVIe siècle que leur nombre s’est accru de manière significative en raison du développement de la pisciculture et de l’arrivée en France de la carpe. Ce poisson qui survit à un transport sur plusieurs jours, pouvait être acheminé vers les principales villes alentours (comme Poitiers, Châteauroux et peut-être Tours) et être vendu vivant comme le recommandait la coutume sanitaire. À la fin de l’Ancien Régime, on peut estimer le nombre d’étangs à plus de 800 couvrant 6 000 à 7 000 hectares. La période révolutionnaire fut désastreuse pour les étangs car l’État, par des décrets et des lois, souhaitait leur assèchement. Cependant, grâce aux résistances locales, la majorité d’entre eux traversa le XIXe siècle malgré une réputation exagérée d’insalubrité. Dans la première moitié du XXe siècle, la pisciculture brennouse entame sa modernisation avec notamment la mise en oeuvre de techniques d’élevage plus rigoureuses et l’introduction de nouvelles carpes “à croissance rapide” importées d’Europe centrale (baptisées par la suite “carpes royales”). Dès lors, le nombre de plans d’eau ne va cesser de croître, pour s’accélerer au cours des 40 dernières années. Les 3 000 étangs, pour leur grande majorité privés, ont des surfaces très variables même si, pour la plupart, elles ne dépassent pas 10 ha. Parmi les “géants” de la Brenne, citons les étangs de la Mer Rouge (160 ha), de Bellebouche (100 ha), de la Gabrière (97 ha), du Sault (84 ha) ou du Blizon (76 ha).

Les pêches d’étangs

Elles ont lieu d’octobre à mars. Pour pêcher un étang, il faut d’abord le mettre en tire (le vider) en levant la bonde. La baisse des eaux doit être lente pour que le poisson se rassemble dans la poële ou pêcherie (zone circulaire surcreusée située devant la bonde). Il faut savoir que les étangs sont peu profonds environ 1,50 mètre en leur centre. Depuis la création des étangs, les gestes de la pêche n’ont pas varié : les pêcheurs, équipés de grandes cuissardes entrent dans la pêcherie, enferment les poissons dans le tramail (grand filet) et les ramassent à l’aide de filanches (sortes d’épuisettes sans manche caractéristiques de la Brenne). Les poissons sont alors triés, pesés et transportés dans des camions viviers par les négociants de poissons. Les étangs de moins de 10 ha sont pêchés en trois ou quatre heures par une équipe de 6 à 10 hommes. Les étangs sont organisés en 5 chaînes (voir maquette de l’Écomusée au Blanc) : on commence à vider (donc à pêcher) celui qui est en aval de la chaîne. Il se remplira d’eau par la vidange de l’étang situé en amont et successivement jusqu’au dernier étang qui lui, ne peut être rempli que par les eaux de pluie et de ruissellement. L’eau des étangs s’écoule dans des fossés, puis des canaux d’évacuation jusqu’à la Creuse ou la Claise.

Les étangs, un enjeu économique

La Brenne est la seconde zone piscicole continentale. Elle produit annuellement 800 tonnes de poissons d’étang (carpes, gardons, tanches, perches, brochets, sandres), essentiellement pour le repeuplement des plans d’eau et des rivières mais également destinés au marché de la consommation humaine. L’élevage du poisson en Brenne est pratiqué de manière extensive, dans le respect de son environnement et de sa biodiversité. Cette activité traditionnelle est encore aujourd’hui source de richesse pour ce territoire et emploie une centaine de professionnels impliqués dans une filière complète depuis la naissance des alevins jusqu’au produit transformé. De nombreux étangs sont aussi loués pour la chasse.

Une faune et une flore exceptionnelle

 Zone humide d’importance internationale, la Brenne abrite des habitats naturels remarquables et des espèces menacées de la faune et de la flore sauvages. La présence des étangs en Brenne explique, en grande partie, la richesse biologique que l’on trouve sur le territoire du Parc, mais cette richesse est également due à la juxtaposition d’autres milieux, tels que les landes, prairies, forêts, grottes et vallées, peu touchés par l’agriculture intensive et l’urbanisation.

Les oiseaux

La Brenne est un lieu très important de reproduction pour les oiseaux migrateurs ayant passé, pour la majorité, l’hiver en Afrique. Au total, 150 espèces sont nicheuses sur les 267 (nombre d’espèces ayant été observé au moins une fois en Brenne) qui y trouvent refuge et nourriture. Citons, parmi les espèces les plus représentatives : la Guifette moustac, le Héron pourpré, le Grèbe à cou noir, la Grande aigrette, les fauvettes aquatiques, le Grand butor, le Busard des roseaux, le Circaète Jean-Le-Blanc, la Pie-grièche écorcheur… sans oublier les différentes espèces de canards et sarcelles qui abondent sur les étangs.

Autres espèces

La Brenne abrite la plus importante population française de Cistude d’Europe (environ 100 000 individus), petite tortue aquatique, d’un kilo environ. On trouve aussi sur le Parc de nombreuses espèces d’insectes, en particulier de libellules (deux tiers des espèces françaises !). Les forêts et les friches accueillent cerfs, chevreuils et sangliers en quantité importante

La flore

Parmi les 1 599 espèces végétales recensées, le Parc abrite 46 espèces d’orchidées comme la Sérapias langue (en limite nord de son aire de répartition) ainsi qu’une flore d’étangs intéressante que celui-ci soit en eau (Flûteau nageant, Caldésie à feuille de Parnassie…) ou en assec (Laîche de bohème, Patience des marais…). Plus communément, il n’est pas rare de rencontrer des chênes centenaires, souvent isolés au milieu d’une prairie, de longer des étendues de roseaux, de traverser des landes couvertes de bruyères à balai (la lande, comme la bruyère, porte alors le nom de “brande”) ou d’être émerveillé, en fin d’été, par la floraison des ajoncs et des bruyères couronnant les button.

Un bâti traditionnel

L’architecture traditionnelle du Parc s’apparente à l’architecture berrichonne. Ses formes et ses volumes sont simples et il s’en dégage une impression d’unité. Pourtant, quand on y regarde de plus près, elle est subtilement diverse, en raison de la variété des matériaux utilisés et de la situation du Parc, à la frontière de plusieurs grandes régions historiques

Les Maisons

C’est une architecture modulaire et fonctionnelle. On rencontre encore quelques maisons de journaliers (ouvriers agricoles) composées d’une seule pièce, équipée d’une cheminée et d’un évier (appelé marée ou bassie) constitué d’une large dalle de pierre ressortant à l’extérieur du mur. La porte est souvent à 2 vantaux, jumelée à une fenêtre à partir du XIXe siècle. Une lucarne permettait, au moyen d’une échelle, toujours en place, d’accéder au grenier. L’ensemble de l’architecture rurale décline ce module de base. C’est le cas des locatures (petites fermes) qui y accolent une ou plusieurs pièces d’habitation, l’écurie, la bergerie, la grange, etc., composant peu à peu des longères (jusqu’à 30 m de long). Dans les domaines, (grosses exploitations agricoles, appartenant autrefois à la noblesse ou à la bourgeoisie), les bâtiments d’exploitation et d’habitation forment un U autour de la cour de ferme.

Le petit patrimoine

L’architecture traditionnelle du Parc compte aussi de nombreux éléments de petits patrimoines tels les fours à pains individuels ou communautaires, les puits, les fontaines souvent lieux de dévotion et de pèlerinage, les lavoirs ou encore les pigeonniers, simples rangées de trous ménagés dans la maçonnerie ou beaux bâtiments de plan carré ou circulaire.

Des produits du terroir

Terre d’élevage (bovin, ovin, caprin) et de pisciculture, la Brenne a donné naissance à des produits fortement marqués par ce terroir et à diverses productions fermières.

Le Pouligny-Saint-Pierre

Ce fut le premier fromage de chèvre français à bénéficier d’une Appellation d’Origine Contrôlée mais c’est aussi la plus petite des appellations (22 communes). De forme pyramidale, le Pouligny-Saint-Pierre a une croûte fine et naturellement bleutée. Sa pâte, d’une belle couleur ivoire, est ferme mais toujours souple. Il est particulièrement savoureux d’avril à octobre. Les étiquettes vertes indiquent que c’est un fromage fermier, les rouges, un fromage laitier

Poissons d’étangs

La pêche des étangs en Brenne est l’un des temps forts de l’année. Elle débute généralement en octobre pour se terminer en février. En conséquence, comme les fruits et les légumes, le poisson d’étang (carpe, brochet, sandre, perche et tanche) est un produit saisonnier à consommer durant la période des pêches. Il peut cependant être dégusté toute l’année sous forme de filets fumés, de rillettes ou de pâtés. Un conseil : ne passez surtout pas à côté de la frite de carpe, devenue spécialité culinaire du territoire.

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